27
juin
2012

Qu'est-ce qui hiberne dans le fond de votre garage mais qui fonctionne encore ? Le minitel... mais plus pour longtemps ! Quand la haute technologie est rattrapée par l'obsolescence, le temps est venu d'un article en forme d'hommage posthume. Ultime révérence à un bijou de technologie à l'heure de sa disparition.

 

Le minitel d'Exotypie

 

 

Le principe

Le minitel est apparu en 1982 après quelques années de développement et de test. Branché sur la ligne téléphonique, ce terminal servait à accéder à un grand nombre de services comme l'annuaire téléphonique, les messageries instantanées ou les jeux… sans oublier le légendaire 3615 ULLA !
La formule commerciale ? Il n'y avait pas d'abonnement au service mais il fallait louer le terminal. Puis les coûts d'accès étaient calculés à la minute selon les services utilisés, et ces coûts apparaissaient sur la facture de téléphone.

 

 

 

Le contexte

Pour bien comprendre l'ampleur du succès du minitel en France, il faut se souvenir qu'à l'époque l'informatique personnelle était quasiment inexistante. Le minitel a été la première connexion en réseau pour la plupart des foyers. Un internet des cavernes en quelque sorte. Puis, le taux d'équipement des ménages en ordinateur personnel n'a fait que croître.
Certains considèrent que le développement d'internet en France a été ralenti par le succès du minitel. Car celui-ci était plus performant que les pc de l'époque en termes de temps de démarrage et de fiabilité de connexion. Petit à petit, avec le progrès technologique des PC et l'amélioration des offres des fournisseurs d'accès, le minitel a perdu ses avantages au profit de systèmes plus ouverts et plus ergonomiques.

 

 

 

Dans notre musée

Loué environ 20 francs par mois pendant 10 ans, notre vieux minitel sort du placard pour rejoindre notre musée. Il s'agit du Minitel 1B :
- Modem V.23 (1200 bit/s en réception - 75 bit/s en émission) « retournable », E71 intégré.
- Fichage Vidéotex en 40 colonnes et 8 couleurs (alpha-mosaïque)
- Mode téléinformatique 80 colonnes type VT100.
- Raccourcis-clavier pour accéder à des modes avancés

 

 

 

Les chiffres du succès

En 1985, le cap du million de minitels était franchi. En 1996, il existait 25 000 services ! En 2000, on comptait 9 millions de terminaux dans les foyers et entreprises de France ! 12 ans après, il reste environ 600 000 terminaux et une cinquantaine de services "3615". Ce sont ces services qui vont disparaître le 30 juin 2012.

 

 

 

Examen pré-mortem

Comme on peut s'en douter, le minitel ne meurt pas au sens propre. Il s'agit en fait de l'abandon du réseau Transpac et de son protocole X25 par France Télécom Orange. Pour faire clair, le minitel ne pourra plus se connecter à son réseau. Alors que devient un appareil quand son protocole est abandonné pour cause d'obsolescence ?
Les minitels étant propriétés de France Télécom Orange, le groupe est dans l'obligation de les récupérer pour les recycler. Mais il nous propose généreusement de le garder si on le souhaite (voir ici). Il faut espérer que les collectionneurs seront plus nombreux que ceux qui s'en débarrasseront n'importe où.

 

 

 

Une vie après la mort

Car oui, il existe des collectionneurs, des passionnés, des inventeurs. Le minitel, épargné par l'obsolescence programmée, est d'une étonnante robustesse pour un appareil électronique. Les vieux modèles sont souvent encore en état de marche. Alors des techno-bricoleurs les transforment en écran de télé ou les reprogramment en périphérique old-school grâce à la puce Arduino. En 2012 plus que jamais, le minitel en tant que boîtier peut survivre grâce à l'imagination créative des amoureux de retro-technologie.

 

 

 

Que peut-on en déduire ?

Le minitel s'est taillé une belle place dans notre imaginaire nostalgique collectif. Et surtout, la technologie existe tant que les usages existent. Grâce aux moyens modernes comme les imprimantes 3D ou les puces programmables, il est de plus en plus facile d'inventer, d'improviser de nouveaux usages. Les usages initiaux prévus par les fabricants nous permettent de nous approprier un objet technologique. Mais dans le même temps, chacun peut se réapproprier l'objet (obsolète ou non) en lui découvrant de nouvelles utilisations, en réinventant sa fonction. La seule limite ? Notre imagination.

 

 

 

Edit : Cette manchette n'est plus à la Une, la voici en miniature :


Manchette Minitel

 

 

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Exotypie n. m. (gr. exô, au-dehors, et typie, impression).Se dit de l\'ensemble des activités précédant l\'impression ou la publication.